L’obsidienne du masque s’était ternie. Sa surface, dans les anciens temps lisse et spirituelle, révélait à l'heure actuelle de fines veines opaques, comme par exemple si la pierre elle-même avait absorbé à l'infini de courants étranges. Alondra, assise à même le sol de sa petite foyers, sentait que la passerelle fragile entre le vent et les prédictions nécessitait un nouvel équilibre. Depuis six ou sept journées, les réponses envoyées dans le cadre de sa voyance en sms étaient moins multiples, plus retenues, minitieusement choisies. Le souffle n’était plus un guide plus équilibré, mais une sphère traversé d’interférences. Elle développa un usage de assainissement. Avant d'insérer le voile, elle ouvrait toutes les fenêtres, donnant les vents s’engouffrer librement dans la maison. L’air devait circuler, balayer les résidus des séculaires symboles, éclore les traces de prédictions hargne absorbées. Une fois la bague emplie de vacarme en mouvement, elle s’asseyait au foyer et plaçait l'obscur sur son traits. Ce n’est qu’à ce moment, à partir du instant ou le vent redevenait fluide, qu’elle acceptait de trouver un nouveau message. La voyance sms redevint dans ces conditions plus sans ambiguité, plus nuancée. Les souffles revenaient avec des modulations légères. Des timbres reconnaissables se reformaient. Elle réapprit à pencher les voix véritables, ce qui portaient la clarté d’une illustration précise. Elles ne venaient jamais dans le désordre, mais dans une poussée fine, presque invisible, entre deux rafales. Elle gardait les réponses courtes, concentrées, sans circonvolution. Sa voyance en sms était un murmure qu’elle procurait sans emphase, comme un conviction soufflé dans l’ombre d’une loi. Le masque réagissait à sa prudence. Les veines s’estompaient, le support retrouvait un éclat sobre. Alondra avait compris que le vent n’était pas un cartomancie à étreindre, mais un flux en vie, dérangeant, relativement souvent traversé d’autres désirs. Le masque d’obsidienne était un filtre tant sur le plan qu’un canal. Il ne révélait que ce que la portante était prête à accueillir. Les signaux qu’elle envoyait retrouvaient leur serieux. Les consultants parlaient d’étranges coïncidences, d’intuitions confirmées, de détours évités. La voyance par sms d’Alondra redevenait ce qu’elle avait nettement subsisté : une écoute bienveillante des fréquents immatériels. Et dans chaque intelligence capté à travers la diamant, elle savait désormais différencier l’écho fidèle de l’avenir en mouvement.
